Croissance sans emploi ou emploi sans croissance ?

Motion du Groupe Europe Écologie Les Verts adoptée en séance plénière le 10 juillet 2015

 

Les chiffres du chômage, pour le mois d’avril 2015, enregistrent une très forte hausse :
+ 26 200 personnes (+ 0,7 %) par rapport au mois de mars, d’après le ministère du Travail. Cette hausse s’élève à 54 000 demandeurs d’emploi supplémentaires (+ 1 %) si l’on considère les personnes ayant exercé une petite activité. L’ampleur de la hausse du chômage est inédite en France : 85e mois de hausse consécutive, 5,34 millions de chômeurs en métropole malgré une croissance positive de 0,9 % au dernier trimestre et des réformes, mises en œuvre par le gouvernement, supposées restaurer la croissance.

Dans le modèle de développement actuel, la « croissance plate » n’a pas d’effet sur l’emploi. Pierre Moscovici a lui-même indiqué, dans une interview donnée le 2 juin 2015, « (…) qu’il n’y aurait pas de reprise de l’emploi à moins d’1,5 point de croissance. ». À l’évidence, nous nous trouvons dans un modèle à bout de souffle, victime de son inertie et de son incapacité à se réformer rapidement et pour lequel nous observons encore des signaux inquiétants pour l’emploi :

– La publication des résultats catastrophiques d’AREVA en mars 2015, qui menacent de suppression entre 3 000 et 4 000 emplois, confirme que la France s’est engagée dans une stratégie énergétique dangereuse pour l’environnement et préjudiciable pour notre économie et nos emplois. En Nord-Pas de Calais, cette stratégie énergétique s’est traduite par le rachat en 2005 de l’usine de fabrication d’éoliennes de Jeumont par AREVA et l’arrêt de l’activité éolienne (hormis la maintenance des parcs déjà construits).

– Le rachat possible de l’entreprise Findus, par l’allemand Iglo, suscite l’inquiétude des 250 salariés de l’usine de Boulogne-sur-Mer. Bien que Findus ait progressé en valeur en 2014 (+ 4 %), les sites de production d’Iglo ont des capacités suffisantes pour absorber la fabrication de ses produits. Il en découle une menace directe de délocalisation des sites de production.

– De nombreuses entreprises de la région connaissent encore des difficultés : Vallourec, ArjoWiggins, Arc international, Tifany, etc.

Si ces quelques exemples assombrissent les perspectives de la région Nord-Pas de Calais, il est important de rappeler que la transformation écologique et sociale régionale commence à porter ses premiers fruits en donnant davantage de robustesse aux territoires en cas de crise : la hausse du chômage a été moins forte (+ 0,4 %) en Nord-Pas de Calais même si notre région compte désormais plus de 390 000 demandeurs d’emplois.

Sur la base de ce constat, le Conseil régional Nord-Pas de Calais :

• rappelle sa volonté d’impulser un nouveau modèle de développement et de soutenir des emplois locaux, non délocalisables et de qualité sur son territoire par tous les moyens disponibles (aide à la création, aide au développement, aide à la reprise, formation, stratégies de coopération entre les entreprises, etc.) ;
• demande au bureau du Schéma régional de développement économique (SRDE) de piloter son action à l’aide d’indicateurs d’intensité en emploi (il en sera de même pour la Stratégie régionale de l’innovation et la Stratégie régionale initiatives et entrepreneuriat) ;
• lance un programme « passerelle » destiné à identifier les secteurs économiques les plus en difficulté, anticiper leur reconversion et évaluer les passerelles possibles entre ces métiers et les nouveaux métiers (combien de temps et quel niveau de formation faut-il pour qu’un marin puisse faire de la maintenance sur une plateforme éolienne off-shore ?) ;
• s’engage à investir massivement dans les activités économes en prélèvements sur les ressources naturelles, faiblement émettrices de gaz à effet de serre et intensives en main d’œuvre comme l’agriculture biologique, l’isolation thermique des bâtiments, l’éolien, le verdissement des process industriels, le recyclage, le démantèlement du nucléaire ainsi que dans les nouveaux modèles économiques (économie circulaire, économie de la fonctionnalité, économie sociale et solidaire, etc.) ;
• renforce la dynamique de la Troisième Révolution industrielle, qui ouvre la voie vers un nouveau modèle de développement et améliore l’image et l’attractivité de notre territoire auprès des investisseurs.

Sandrine ROUSSEAU et Jean-François CARON,
Co-présidents du groupe Europe Écologie Les Verts
Conseil régional Nord Pas-de-Calais

 

La version amendée sera disponible sous peu sur le site du Conseil régional.

Photographie Guillaume Delebarre

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