Colloque européen des coopératives citoyennes pour les ENR – 3 octobre 2014
La fédération européenne REScoop, qui regroupe les associations citoyennes en faveur des énergies renouvelables, a organisé à Lille, le vendredi 3 octobre 2014, les premiers rencontres européennes de l’énergie citoyenne. Cette conférence portait sur la place du citoyen dans le futur paysage énergétique européen.
L’objectif est de renforcer la coopération entre les projets citoyens d’énergie renouvelable, les pouvoirs publics locaux et nationaux ainsi que les chercheurs afin d’encourager et de promouvoir le rôle des citoyens dans la transition énergétique. Cette conférence est la première rencontre entre ces différents acteurs au niveau européen.
Emmanuel Cau, Vice Président du Conseil régional NPDC en charge de l’Aménagement du territoire, de l’Environnement et du Plan Climat a accueilli les conférenciers avec un discours d’ouverture rappelant le chemin parcouru en région Nord-Pas de Calais et les initiatives qui doivent encore être menées :
« C’est un très grand plaisir pour notre Région et moi-même de vous accueillir, vraiment, et je tiens à vous remercier et à remercier les Présidents de RESCOOP et d’ENERCOOP France d’avoir choisi cette région. Et vous Madame la Députée Marie-Noëlle Battistel, rapporteure du projet de loi relatif à la transition énergétique d’être venue dans notre région à cette occasion.
Une région qui depuis longtemps maintenant est sur le front de la transition écologique, donc énergétique, puisque nous sommes ici en pays noir, (dont l’Unesco a reconnu l’immense richesse de notre patrimoine et de notre histoire et nous a rendu un peu de que ses habitants méritent).
Pays noir, mais en transition puisque moins de 2 ans après la fermeture du dernier puits de mines, une des premières éoliennes de France se levait sur la côte.
Sur le Plan des Energies renouvelables le Nord-Pas de Calais a été au charbon. Pas seulement sur le plan technique, mais plus important sur le plan politique.
Puisque le courage et la volonté de la transition on ne les trouve pas dans la technologie, dans les techniques. Ça se trouve dans les politiques publiques, sur le terrain, mais aussi face aux lobbys ; ça se trouve en regardant en avant. Ça ne se trouve pas dans les gaz de houille ou de schiste.
Ça se trouve dans la co-construction, avec les territoires, avec les habitants, non pas en donnant les clés, toutes les clés à la finance, aux dividendes, aux fonds de pension, à une économie devenue archaïque si elle ne l’était déjà.
Le courage et la volonté, ça ne se trouve pas forcément dans l’hypnotique course à la baisse du taux d’endettement. 2, 3 ou 4% c’est pas le plus important aujourd’hui. Le plus sérieux et la vraie question c’est 2, 3 ou 4 degrés en plus ou pas !
Ce n’est pas la dette contractée auprès des marchés financiers, mais vis-à-vis des générations futures
Contre les sourires en coin, dès les années 2000, nous avons soutenu la filière solaire pour démontrer que chez nous, juste en-dessous de la banquise, le Solaire c’est possible : avant le coup de grâce donné à la filière PV, nous étions passés de 7 installations en 2001 à 150 installations par semaine en septembre 2010 (date de baisse du crédit d’impôt avant le blocage du tarif de rachat en décembre), avec des pics à 250.
Dans cette affaire le plus difficile ce n’était pas la technique, sa mise en œuvre, le verrou était culturel, presque générationnel.
En 2014, la filière PV régionale et française est décimée, nous proposerons pour 2015, un Plan PV pour l’autoconsommation afin d’essayer de redynamiser la filière jusqu’à la parité réseau attendue en 2018 qui pourra la sécuriser.
Et aujourd’hui, alors que certains élus, à droite comme à gauche, s’organisent pour goûter au mirage des gaz non conventionnels, j’ai co-présidé une mission d’enquête sur la géothermie, notamment profonde. Elle ouvre de belles perspectives, notamment pour la Sambre et le Valenciennois. Je tiens donc à remercier nos voisins wallons qui nous ont stimulés dans cette voie. Ah ! Si la fusion des régions nous permettait de le faire aussi avec la Wallonie…
Nous serions mieux armés pour traduire concrètement, massivement et rapidement notre ambition, validée dans le SRCAE en 2012 et dans notre Stratégie Régionale Climat de 2013 : sobriété, efficacité et renouvelables.
Aucun des 3 éléments de ce triptyque ne peut se faire, ou ne doit se faire sans les habitants : l’implication des territoires et des citoyens, constitués en structures ad’hoc ou non, est centrale.
Ces derniers temps des curseurs passent progressivement au vert :
- Le nouveau cadre réglementaire plus souple sur le « crowdfunding »,
- L’exemple du premier parc éolien citoyen a été inauguré le 14 juin dernier en Bretagne à Beganne,
- La réalité des 6,5 millions d’euros collectés au 31 décembre 2013 par le fonds Energie Partagée qui a relancé le 24 septembre une nouvelle collecte nationale en faveur des projets collectifs,
- Mais aussi certains éléments du projet de loi sur la Transition énergétique comme celui qui prévoit de réserver une part du capital de toute société de projet d’énergie renouvelable (société commerciale, d’économie mixte ou coopérative) aux riverains.
En Nord-Pas de Calais, la réalité locale du développement des projets d’EnR citoyens reste contrastée, surtout depuis les dernières municipales qui ont vu tomber quelques uns des grognards du vent et du soleil dans les territoires ruraux. Mais on a la chance de pouvoir compter aussi sur Energ’Ethic, Solis et Enercoop?
La Région demeure aux cotés :
- des organisations désireuses d’accompagner l’implication citoyenne dans les ENR
- des collectivités territoriales (AMO permettant d’accompagner la maturation de projets territoriaux de production d’ENR incluant du financement public et citoyen + Opérateur ENR et tiers investisseurs),
- de la recherche (par ex. soutien « chercheurs citoyens » au projet de Virage Energie / Université Lille 1 – Scénarios pour une transition énergétique et sociétale en Nord-Pas de Calais),
- des citoyens directement par le soutien au conseil à l’accompagnement des projets individuels via le réseau des Conseiller-ère-s Info Energie, et par des aides directes aux projets solaires thermiques individuels et collectifs (en 2015).
Ces actions, si elles sont bien menées, rapidement, car il faudra vite des résultats massifs, auront comme bénéfice supplémentaire celui de redorer un peu le blason des politiques, de retrouver quelques crédits auprès de l’opinion et des électeurs, pour empêcher que notre région ne passe du noir au brun
Mitterrand aurait dit : « là où il y a une volonté, il y a un chemin. »
Ichi in dit :
« Éch’ti quî voudrot, i pourrot. »
Le programme de cette journée se trouve ici :