Pourquoi nous avons voté le budget 2014 ?

Le budget régional 2014 a été adopté : 61 suffrages pour les groupes PS, EELV et La Gauche Maintenant, plus la voix d’un élu non inscrit. 40 conseillers régionaux on voté contre ( UMP, UDI et FN). Les élus du Front de Gauche se sont abstenus. Le montant de ce budget 2014 : 2,3 milliards d’€.

Jean-François Caron explique le vote EELV :

  Le budget n’a jamais été aussi difficile pour les raison suivantes :

 –        des recettes en baisse

–        des dépenses incompressibles

–        des augmentations mécaniques impossibles à contrôler

Et pourtant, les besoins n’ont pas diminué, bien au contraire !

L’exercice a donc changé de nature :

 Nous avons plus que jamais l’obligation :

–        de définir précisément des priorités

–        et donc de préciser la vision que nous avons du développement régional

J’ai esquissé hier notre grille de lecture sur 3 axes :

–        Notre première exigence est une exigence de méthode. Une méthode pour produire et faire vivre les politiques publiques à partir de l’écoute et de l’implication des acteurs. C’est la condition de l’intelligence collective. C’est aussi la condition pour que nos politiques soient appropriées par la société, ce qui constitue une de nos tâches prioritaires. Monsieur le Président, c’est à ce prix qu’il y aura une mise en mouvement effective de la société.

–        Notre deuxième axe : c’est la conduite de la transition. La nécessité de cette transition est aujourd’hui admise de façon très majoritaire par la société, qui voit bien les limites de notre prédation sur les ressources naturelles de notre planète, qui constate la déstructuration des sociétés humaines, marquées comme jamais par les inégalités croissantes : l’extrême richesse côtoie l’extrême pauvreté, le sentiment d’exclusion s’élargit et est vécu par le plus grand nombre (des chômeurs longue durée aux populations Roms, des jeunes débarqués du train avant même d’avoir pu y monter aux seniors au seuil de pauvreté et en isolement croissant).

–        C’est pourquoi notre troisième axe affirme l’impériosité de protéger, de résister, pour aider les secteurs de notre économie en menace, et les personnes en grande difficulté.

Résister et ouvrir la nouvelle voie du développement, le tout en articulation avec l’ensemble des acteurs, voilà la feuille de route pour notre groupe, pour notre exécutif :

–        La direction prise par nos élus Vice-Présidents et Présidents de Commissions permet de produire de façon volontariste, concrète, opérationnelle, des éléments de la transition.

–        Le nouveau modèle de développement prend ainsi progressivement corps – nous l’avons développé hier – avec quelques démarches très originales.

Exemples :

  • la TESR, qui allie une nouvelle méthode fondée sur la recherche des biens communs, qui repose sur le principe de transversalité, et qui construit, en mode projet, son action avec l’ensemble des parties prenantes.
  • Des opérations très concrètes au sein de la TESR : le Plan 100 000 logements, la Filière industrielle du démantèlement nucléaire, le Lycée du 3ème Millénaire, la gouvernance alimentaire qui permet d’accéder à des aliments de qualité pour moins cher et qui aide à l’évolution des modes de production. En innovation aux portées stratégiques, on peut citer aussi en illustration les BPL et les chercheurs citoyens.
  • La Troisième Révolution Industrielle est aussi une formidable ouverture collective, qui réconcilie environnement et économie.

Deux remarques, à ce stade, auxquelles nous tenons beaucoup :

–        D’une part, assumer et revendiquer, plus que jamais, que la Région est l’espace d’intervention pertinent. En effet, le budget de l’Etat est très contraint et les actions régaliennes le contraignent. La Région, quant à elle, est un petit Etat, mais dans la proximité des territoires locaux et des citoyens. C’est à la fois un gage de légitimité mais aussi de réussite. C’est pourquoi, vous le savez -ca peut énerver d’ailleurs parfois- nous sommes très en demande de tout ce qui va permettre la transparence et la mobilisation de tous. La commission régionale de débat public va clairement en ce sens.

–        D’autre part, la façon d’exécuter ce budget peut aussi être marquée par l’innovation. Tout n’est pas qu’affaire de gros sous. Exemple dans les transports… Nous disons OUI à l’optimisation des infrastructures mais l’entrée par les usages est tout aussi importante. Remplir les voitures ou créer de nouveaux tuyaux, cela n’a pas le même impact financier et environnemental. C’était l’esprit de notre amendement. Je sais le Vice-Président Wacheux sensible à cet argumentaire. Reste à le traduire dans les faits.

2014 sera donc l’année de la montée en puissance :

–        De la TESR : les résultats apparaissent, opérations de développement par opérations de développement. Ils aident à structurer un nouveau référentiel de l’action publique, pour transmettre à la prochaine équipe le logiciel, les clés d’une transformation écologique et sociale, qui touche au sens même de ce qu’on appelle le développement. Un développement durable, clairement fondé sur la préservation et la reconquête de nos grands biens communs environnementaux et sociaux.

–        La TRI arrive aussi pile au bon moment. Elle s’appuie sur les dynamiques collectives portées par l’exécutif depuis des années. Elle permet la rencontre avec le monde économique, la recherche, les réseaux coopératifs, les territoires.

–        L’Unesco, le Louvre, la TRI, voilà 3 labels de rang mondial qui nous rendent de plus en plus lisibles dans notre stratégie de résilience et de renaissance. Le Canal Seine Nord est aussi un chantier structurant. Cette lisibilité est importante pour mobiliser les crédits européens, les crédits du CPER, les crédits du PIA car notre discours sera d’autant plus crédible, qu’il sera perçu comme structurant et cohérent.

Vous le constatez par vous-mêmes. On entend de plus en plus d’intervenants extérieurs, nationaux, dire : « Mais que se passe-t-il en NPDC ? », le changement d’image, de représentation est stratégique pour l’avenir.

Vote rôle, Monsieur le Président, est décisif pour bousculer l’ordre établi, la pensée unique, la pensée normative.

Vous ouvrez des espaces et vous permettez que s’épanouissent de nouvelles coopérations. Nous revendiquons, à notre place, une partie de cette mutation culturelle et sociale, économique et environnementale, pour que la région de la première révolution industrielle, qui nous a laissé bien des séquelles de non-durabilité, devienne celle qui, en Europe, ouvre la voie de la troisième révolution industrielle, porteuse de sens, d’une économie du renouvelable plutôt que du jetable.

Depuis 20 ans, en tant qu’écologistes,  nous sommes engagés dans l’action de ce Conseil régional, confrontés à l’exercice difficile du pouvoir et de son lot de frustration. Mais nous sommes fiers des innovations que porte cette assemblée et de l’exécutif qui la dirige.

C’est pourquoi, malgré les difficultés budgétaires, malgré la crise systémique liée à la fin de notre ancien modèle de développement, nous sommes impatients de vivre cette année 2014, de voir pousser ce que nous avons mis en germe, de voir le fruit de nos actions de long terme. Celles-ci suscitent parfois de certains réactionnaires l’incompréhension et le sarcasme. Mais les faits sont têtus et, chaque jour, nous confirment qu’il faut oser bousculer et construire ce nouveau modèle plus juste et plus durable. C’est le sens de notre participation à l’exécutif  et de notre vote POUR ce budget.

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