Séance Plénière 21 & 22 novembre 2013 Intervention d’Emmanuel Cau sur la Troisième Révolution Industrielle

« Monsieur le Président,

En Commission Permanente du 15 octobre 2012, par votre volonté associée  à la CCIR, nous avons confié une mission de neuf mois à Jérémy Rifkin pour engager concrètement notre région dans sa philosophie : la  3ème Révolution Industrielle. Son fondement est la préservation de la biosphère,  l’économie et l’efficacité énergétique, la production d’énergie renouvelable, décarbonée et dénucléarisée ;  le tout adossé à une démocratie collaborative, faisant du citoyen celui de la biosphère !

Avec des bases comme celles-ci, tout va bien dans nos rangs… Même et surtout quand cela fait écho dans le monde économique !

Cette mission est un signe fort d’une volonté pour un Nord-Pas de Calais  symbole de la 2ème Révolution Industrielle et marqué par ses dérives de non durabilité.

Notre Région, bouclier, solidaire,  par ses compétences, son histoire et ses politiques était engagée dans cette transition indispensable.

1ère présidence verte, première éolienne, berceau de la HQE et du concept de TVB, premier agenda 21, …

… le Sraddt, les Stratégies régionales pour la Climat et la Biodiversité, nos deux DRAs et celles à venir, sans oublier notre engagement dans ce mandat dans la Transformation Ecologique et Sociale constituaient à la fois du grain à moudre et  le moulin à disposition de l’équipe Rifkin. Il aurait pu tomber plus mal…

Une dynamique est née donc autour de ce concept de 3ème révolution industrielle, dont les résultats sont concentrés dans la Master Plan. Concentré car l’enrichissement collectif a été important : élus,  CESER, partenaires ET en interne par une transversalité et un engagement techniques peut être jamais atteints.

téléchargementAu-delà de la visibilité donnée à notre région, la mobilisation autour de ce projet constitue pour nous la plus grande valeur ajoutée ! Elle doit être soutenue…

1/ la TRI coupe court à des solutions énergétiques d’un autre temps :

  • Le nucléaire, un épiphénomène énergétique à haut risque : humain, économique  et environnemental.
  • Les gaz non conventionnels… une solution dangereuse environnementalement, économiquement, climatiquement et la moins intense en emploi,

2/ la TRI offre un nouvel horizon et une accélération :

  • Souvent on dit que l’herbe est toujours plus verte ailleurs (sauf au Stade de France), Jeremy Rifkin a permis de révéler nos qualités : notre région a la réputation, pour le moins, d’être la  région la plus avancées dans la transition écologique et sociale : par ses pôles de compétitivité et d’excellence, par ses universités, par ses opérations de développement de la TESR,  par ses structures spécifiques et uniques : le CDEE, les observatoires climat et biodiversité, par ses projets de territoire, par ses ambitions comme celle du canal seine nord, du Louvre Lens ou la réhabilitation massive des logements…  et bientôt le CERCLE.;
  • La TRI, le master plan a permis de boucler le rassemblement des parties prenantes sur le sujet : chercheurs, entreprises, territoires… Rassemblement indispensable pour la mise en œuvre, pour faire émerger une sorte de nouveau continent régional, de vallée de la biosphère.

3/ Ce travail a permis dans ce contexte :

  • d’imaginer ou de partager de nouveaux projets : comme l’université zéro carbone, comme la Zen-e-Ville ou le nouvel éco-système urbain énergétique (renouvelant notre vision de la construction, des déplacements, du commerce, de la logistique, des services…),  comme l’internet de l’énergie;
  • Mais aussi d’envisager de nouveaux moyens. Nous soutenons votre choix, Monsieur le Président, d’utiliser la TRI pour démarquer notre région, marquer notre avance dans la transition et mobiliser des moyens complémentaires auprès de l’Europe (PO/FEDER 2014-2020), de l’Etat (CPER, le PIA), des entreprises privés et des collectivités, de faire voler en éclat le plafond de verre de notre région, sous les coups de butoir de ces 9 mois de mission irradiés par nos compétences, fruits d’une belle et réelle expérience.

En effet, l’expérience de notre région a pointé immédiatement dans le Master plan (< pensée de rifkin) des manques essentiels et transversaux pour la réussite de cette révolution : l’efficacité énergétique, l’économie circulaire et l’économie de la fonctionnalité. Au-delà du changement du modèle énergétique, il faut réinterroger notre modèle de développement et de consommation des ressources de la biosphère : c’est optimiser et économiser l’énergie pour mieux l’utiliser, c’est préserver les ressources naturelles, c’est partager plutôt que posséder, partager un véhicule électrique plutôt que le posséder…

Cette transition n’est pas une révolution technologique. Bien sûr que les futurs et déjà actuels sauts technologiques sont à soutenir comme, une fois émergés ou généralisés, ils faciliteront nos politiques.

Il s’agit ici de repenser notre modèle, de repenser le « contrat social ». Car si le niveau de vie augmente globalement, il est injustement réparti. Si l’espérance de vie progresse encore, celui de l’espérance de vie en bonne santé a commencé à régresser. Si la somme de nos connaissances a atteint un sommet, il est souvent, comme le pouvoir d’agir, ou le pouvoir tout court, de plus en plus concentré.

Il doit être libéré.

Par exemple, la production d’énergie – renouvelable – ne peut plus être confisquée. Elle doit être coopérative, car plus rentable, plus efficace, plus intelligente, au plus proche des territoires, de ses habitants, de ses acteurs.

Pour répondre à la crise sociale, économique et environnementale il faut donner/redonner sa place au citoyen, à l’habitant, redonner de la place à l’humain. Au-delà du grand nombre d’acteurs mobilisés, il faut partager et associer les habitants du Nord-Pas de Calais pour qu’ils entrent dans cette transition, qu’ils y contribuent, donc qu’ils l’acceptent, qu’ils la mettent en oeuvre…

Appuyons nous sur notre expérience via :

  • nos politiques de démocratie participative  ;
  • nos politiques de recherche ;
  • nos politiques de citoyenneté ;
  • nos politiques d’écocitoyenneté ;
  • nos gouvernances économiques ;
  • nos politiques de mobilité.

Pour conclure, je reprendrai les propos de Pierre Radanne, il nous faut, tous ensemble, apprendre à aimer ce XXIème siècle, ce siècle ne sera pas le XXème siècle réparé, « rustiné ».

Bien sûr le compte à rebours est enclenché, nous perdons 3-0, il reste 5 mn de jeu. 2 buts dans le temps réglementaire, un troisième dans le temps additionnel. Enfin, le but en or dans les prolongations. C’est ‘gagnable’ si le jeu est collectif et l’objectif partagé. »

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