Séance plénière des 23 et 24 mai 2013. Intervention de Jean-François Caron : la « troisième révolution industrielle »

Suite au « Séminaire Rifkin » qui s’est déroulé à la mi-mai, le Président de la Commission Transformation Ecologique et sociale fait un point d’étape sur le travail engagé.

 « Le contexte est une mission de neuf mois confiée par la CCIR (chambre de commerce et d’industrie régionale) et la Région à Jeremy Rifkin, prospectiviste américain, auteur de la troisième révolution industrielle, ou comment à partir d’internet et de la démocratisation de l’énergie on installe un nouveau modèle créateur d’emplois et plus durable (à contrario de la seconde révolution), car économe en ressource utilisée.

Cette mission est financée également par les deux départements ainsi que trois agglomérations (Dunkerque, Lille, Arras).

 La troisième révolution industrielle s’appuie sur cinq piliers (énergies renouvelables, bâtiments producteurs, mobilité, stockage, réseaux intelligents) et trois thématiques transversales : efficacité énergétique, économie de la fonctionnalité et économie circulaire. Les deux derniers ont été souhaités par la Région et la CCIR. C’est pourquoi huit groupes de travail ont défini de février à avril des pré-feuilles de route pour alimenter la rencontre des experts de Jeremy Rifkin lors du séminaire de la semaine dernière.

Ce séminaire «  troisième révolution industrielle »  a donc réuni pendant trois jours au Conseil régional les huit groupes de travail co pilotés par la CCIR.  la Région et les experts de Jeremy Rifkin. C’est une première pour lui, plus habitué à des démarches descendantes sur ses autres masters plans. Plus exigeant pour lui comme pour nous mais indispensable si on veut réussir l’appropriation et le passage à l’acte après le rendu du master plan en novembre.

Nous retirons de ce séminaire :

          – la mobilisation des groupes de travail, la bonne organisation : tout le monde a joué le jeu pour travailler dans la coopération et l’ouverture

La couverture presse a donné une nouvelle image du Nord – Pas de Calais : le Nord – Pas De Calais, terre d’innovation. C’est un acquis collectif, c’est porteur pour demain.

         – je pense que nous avons pu faire comprendre a Monsieur Rifkin et ses équipes qu’il s’agissait de notre master plan et que nous allons le co écrire en partant de notre vision économique, sociale et écologique (nos schémas SRDE, SRCAE, SRI, enseignement supérieur…) et des réalités du Nord  –  Pas de Calais.

 – il ressort de tous les groupes de travail, la nécessité de partir du besoin, de l’usage : l’efficacité énergétique ne se résume pas à une solution technique, la sobriété encore moins. La conduite de changement est au cœur de la troisième révolution industrielle. Question omniprésente pour l’habitant, pour un élu, pour l’entreprise.

Partir du besoin, de l’usage permet l’appropriation et le bon dimensionnement : les citoyens participent au dimensionnement de ce qu’ils utiliseront. Ils comprennent et acceptent mieux. De plus la démarche ne se décline pas de la même manière selon les densités, à différentes « mailles » : le quartier, l’agglomération, la communauté d’agglomération, la Région (cf interventions de Fraunhofer Institut, Bouygues, DNV KEMA)

Cela nous confirme l’importance de l’économie de la fonctionnalité qui met l’usage au cœur de sa démarche. De l’économie circulaire sur la sobriété des ressources et des comportements. L’importance aussi de la formation.

– Les enjeux se résolvent par une approche systémique et sur les territoires.

– au-delà des besoins financiers importants pour la mise en œuvre, nos modèles économiques doivent s’inventer à partir de la preuve des gains obtenus (ex : financer l’efficacité au regard de la facture énergétique dans notre balance commerciale : imaginer ce que l’on peut faire avec 60 milliard d’euros, notre facture énergétique).

Jeremy Rifkin à Lille en mai

Jeremy Rifkin à Lille en mai

 

Quelles sont les  conditions de réussites pour la suite :

 – La nécessité de consolider cette dynamique, le séminaire étant achevé. Nous avons besoin de l’appui de tous les élus régionaux, des vice-présidents et des services pour faire converger cette démarche dans ce qui est déjà engagé. Je pense bien sur au schéma régional de l’innovation, au SRDE, SRCAE, schéma enseignement supérieur, du transport et aux schémas des schémas : le SRADDT.

– continuer la co-écriture du master plan pour maintenir la dynamique et l’implication des acteurs/habitants, formuler la vision pour la région, les principes, l’illustrer. Se mettre d’accord sur nos finalités

 – mettre la première version du master plan en partage sur les territoires

– identifier et lever les freins règlementaires

– revendiquer un droit à l’expérimentation. Enclencher du passage à l’acte. Développer des démonstrateurs technologiques, territoriaux, comportementaux

 * des  projets « bottom-up » et des  projets « top-down »

* déclinés aussi à des échelles de temps différentes (court terme, moyen terme…).

* sur le volontariat des collectivités territoriales, encadré précisément (sous forme d’appels à projet) : tous les territoires n’ont pas le même niveau de compréhension et de maturité par rapport au sujet.

* il importe de s’appuyer sur les cadres de financement voulus par la Commission Européenne

* Partir pour certains de nos démonstrateurs des opérations de développement de la transformation écologique et sociale par exemple : stratégie énergétique du territoire, 100 000 logements, filière bois. Car nous avons développé des éléments de méthode utiles pour la mise en œuvre : les biens communs, le réagencement des acteurs : mobiliser ne suffit pas il faut agencer de la coopération ou chacun apprend à travailler pour le bien collectif (nous avons un référentiel)

 Il faudra rapidement montrer les gains obtenus (financiers, emploi)

Nous devrons enfin grâce à cette nouvelle grille de lecture réorienter les investissements lourds vers la recherche, l’innovation… ( programmes européens, BPI, BEI…)

– Bien prendre en compte nos spécificités :

 Par exemple : Les réseaux peuvent être une alternative aux besoins de stockage :  la Région Nord – Pas de Calais est très bien dotée en réseaux (gaz, électrique, chaleur) C’est une différence notable avec d’autres régions (exemple de la Bretagne).

En conclusion,  le travail de co écriture ne fait donc que commencer. Chacun peut y contribuer, en partant des démarches déjà engagées.

Jeremy Rifkin n’a pas la science infuse, parfois des maladresses intellectuelles, mais il peut  être un accélérateur de nos objets notamment dans le passage à l’acte, car sa voix est entendue partout en Europe.

Son récit plaît aux milieux économiques et nous avons pu mesurer qu’il mobilisait. J’ai pu vérifier encore hier l’engagement de la CCIR pour retenir comme cadre stratégique d’actions ce que nous allons écrire. »

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