Budget 2013 : Apprentissage

Intervention de Francine Herbaut-Dauptain sur le budget Apprentissage pour l’année 2013.

Monsieur le Président, Monsieur le Vice Président, Cher(e)s collègues


Nous sommes très attachés à l’avenir de notre jeunesse. Nous l’avons affirmé à plusieurs reprises dans cet hémicycle et l’apprentissage est pour nous une des solutions qui amène à l’insertion dans l’emploi de notre jeunesse, même si nous mettons un bémol sur l’âge d’entrée en apprentissage.

 

Cependant, à côté des réussites que laissent entrevoir les emplois d’avenir et les plateformes pour l’avenir des jeunes, sur l’apprentissage nous notons encore plusieurs difficultés majeures :

 

La première tient aux représentations

 

Longtemps l’apprentissage a été considéré comme une voie de formation pour les écoliers en difficulté, or que voit-on aujourd’hui ?

Des bacheliers qui, après un bon cursus général, font un CAP par apprentissage parce que c’est là le seul moyen pour eux d’acquérir les savoirs faire de base d’un métier et qu’aucune formation théorique ne peut s’y substituer.

 

Cela nous amène à nous réinterroger sur la place que l’on donne aux métiers techniques.

Quand on rémunère insuffisamment les métiers dits manuels on fait, collectivement, une erreur et on les dévalorise. Il ne faut donc pas s’étonner qu’en conséquence ces métiers et leurs formations soient aussi mal considérés.

 

Cela joue un poids considérable dans l’orientation des jeunes qui se fait majoritairement tôt, selon les résultats scolaires, sans toujours prendre en compte le marché de l’emploi sur le territoire et avec une idée très approximative des métiers.

Il y aurait sans doute nécessité à mieux accompagner les professeurs, les parents, renforcer le nombre de CIO mis à mal dernièrement et renforcer la découverte des métiers au sein des entreprises.

 

Car nous rejoignons là, une seconde difficulté qui est celle des 30 % d’arrêt des contrats d’apprentissage au cours de la première année.

Non seulement les métiers sont mal connus mais les conditions d’accueil et les conditions de travail jouent certainement un rôle important dans ce décrochage.

 

Mais l’apprentissage ce n’est pas fait uniquement pour les métiers manuels et l’artisanat. L’apprentissage a vocation à se développer dans d’autres secteurs et dans tous les niveaux de formation.

 

C’est là qu’intervient la troisième difficulté  car l’apprentissage est en concurrence directe avec les stages non rémunérés. Tant que l’on acceptera d’exploiter nos jeunes dans ces stages non rémunérés la difficulté perdurera.

 

C’est sans doute en lien direct avec la quatrième difficulté majeure identifiée qui est celle de la signature du contrat avec une entreprise. Les obstacles à l’obtention de ce contrat de travail sont nombreux et la mobilisation des entreprises serait à conforter, de même l’accompagnement par les missions locales et Pôle emploi où l’on connait le turn over important des conseillers.

 

Ainsi il nous semble qu’un renforcement des relations entre missions locales, CFA, chambres consulaires et entreprises est nécessaire. Les petits déjeuners territoriaux de l’apprentissage ont fait la preuve que rassembler tous ces acteurs autour de la table permet d’améliorer la collaboration.

 

Pour en revenir donc au budget apprentissage : si nous approuvons le budget consacré à l’apprentissage pour 2013 nous disons ATTENTION.

 

Il faut se donner les moyens de ses ambitions.

L’objectif de 21 000 apprentis supplémentaires que l’on s’est donné ne sera atteint que dans plus de 30 ans si l’on reprend les chiffres d’évolution qui nous ont été transmis.

 

Ainsi nous proposons, en 2013 de faire une évaluation des effets produits par toutes les mesures contenues dans le COM apprentissage, évaluation quantitative mais surtout qualitative.

Et, au regard de cette évaluation, pour la construction du budget de 2014, il faudra sans doute mettre des crédits fléchés supplémentaires et faire évoluer le COM pour atteindre l’objectif que l’on s’est fixé.

Si l’on parle de budget supplémentaire à l’avenir, Monsieur Elegeest va nous dire qu’il faudra retirer des crédits ailleurs.

Nous serons donc amenés à revenir aux besoins fondamentaux des citoyens de notre région.

La population en difficulté de cette région se préoccupe en priorité de se loger, de se nourrir, d’assurer l’avenir de ses enfants et d’avoir un emploi qui lui permette de vivre, tout simplement vivre décemment.

 

Alors il faudra sans doute tourner le dos à certaines dépenses ou au gigantisme de certains projets pour renforcer

–         le domaine économique qui développent l’emploi et aussi les capacités des entreprises à prendre des apprentis

  • le développement d’une autre forme d’économie plus solidaire qu’est l’Economie Sociale et Solidaire, c’est-à-dire les coopératives, les associations… qui ne mettent pas le profit des actionnaires en avant,
  • le soutien aux PME qui ne se délocalisent pas
  • le soutien à l’innovation qui n’obère pas notre avenir durable
  • le soutien aux nouvelles filières comme les énergies renouvelables ou la filière bois régionale, ou celle de la revalorisation de nos déchets.

 

–         Et renforcer la formation ouverte à tous notamment l’apprentissage.

 

Je vous remercie de votre attention

 

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