Intervention de Myriam Cau sur la filière automobile

Séance commune CESER / Conseil régional sur l’industrie automobile et le projet régional du véhicule électrique

« Je voudrais parler ici d’anticipation.

Ce serait un leurre de croire que le véhicule électrique en se substituant à la voiture ordinaire, pourrait résoudre nos problèmes et nous permettre de continuer comme avant, en branchant simplement notre voiture à une prise au lieu d’aller à la pompe.

L’enjeu porte bien sur  l’évolution de toute la filière. Il nous faut anticiper dès aujourd’hui cette évolution, cette transition,  pour ne pas être forcés de la subir demain de plein fouet.

J’ai eu le sentiment en entendant les constructeurs  automobiles, d’une vision qui finalement était toute tendue vers le passage d’un mauvais cap, en gros jusqu’à 2017. Mais on n’a pas le droit de ne pas regarder, de ne pas s’obliger à regarder plus loin.

Anticiper, ça veut dire réfléchir aux emplois actuels, il faut préserver et transmettre les savoirs, qui sont les richesses humaines d’une région industrielle, réfléchir à la nécessaire mutation des emplois, aux conditions à réunir pour la rendre possible

Toutes les questions de formation des salariés, mais aussi d’organisation  du travail ; si par exemple une partie de la production évolue vers le véhicule électrique ou d’autres productions susceptibles de mobiliser les savoirs faire industriels des salariés, quelles seront les qualifications nécessaires pour les produire, quel plan de formation des salariés, quel calendrier ?

Et comment on peut répondre aux besoins tout à fait aux besoins des PME.

Anticiper c’est aussi être capable d’innover, d’imaginer de nouvelles activités à développer autour de l’automobile, on pense bien sûr au recyclage et à la déconstruction dont le potentiel industriel est très important. Le projet par exemple porté par d’anciens salariés de Renault Sandouville  le montre, et aussi tout le développement de nouveaux services en lien avec l’évolution actuelle des usages de la voiture : co-voiturage, auto-partage, libre service et finalement de l’interpellation portée par Monsieur Stanesco (PS) sur le service lié à la production du bien qu’est une automobile.

Anticiper c’est aussi poser des questions sur la diversification de la production des entreprises de la filière. Des exemples existent chez notre voisin allemand Bosch qui fabriquait des pompes à injection s’est mis au photovoltaïque, d’autres se sont tournés vers les éoliennes et la fabrication de leurs engrenages ou encore la production de batteries pour véhicules électriques mais aussi pour l’industrie médicale…

Alors notre groupe Europe Ecologie Les Verts fait la proposition suivante : conclure un contrat d’avenir avec la filière automobile oui, vous avez bien entendu, c’est le groupe Ecologie Les Verts qui vous propose de mettre en place un programme ambitieux de long terme pour soutenir et assurer la transition de la filière automobile et au-delà de ces mauvais caps qui ne sont pas conjoncturels simplement, mais sont bien structurels.

Et cette proposition peut être un contrat dans lequel chacun s’engage à remplir des obligations mais reçoit des contreparties avec ce qui est je pense une marque de fabrique de notre région, cette capacité de construire des espaces de dialogue efficaces, où les syndicats trouveront bien sûr toute leur place.

Que les entreprises s’engagent par exemple à libérer leurs salariés pour qu’ils puissent suivre des formations, qu’elles regardent comment elles peuvent diversifier leurs production, maintenir les emplois ; que de notre  côté les pouvoirs publics regardent comment ils peuvent améliorer, soutenir les plans de formation mais vraiment, ciblés, adaptés ; soutenir l’innovation , la recherche et puis finalement cette contractualisation permettrait peut-être de sortir de plans à court terme et des aides publiques qui sont parfois distribuées sans garantie d’efficacité à long terme.

Qu’en pensez-vous Monsieur le Président ? Messieurs les représentants des constructeurs et des équipementiers ? Messieurs les représentants des salariés et seriez-vous prêts à travailler à ce type de partenariat ? »

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