Intervention de Marielle Cuvelier sur la voiture électrique

Séance commune CESER / Conseil régional sur le Projet régional du Véhicule électrique

 

Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président, Mesdames, Messieurs,

Je vais sans doute faire une intervention un peu plus longue qu’une simple question mais comme il m’a semblé que la parité n’était pas vraiment respectée en tribune, je me disais que je rétablirais ainsi un peu l’ordre des choses.

Tout d’abord un peu d’histoire, quelques rappels et quelques propositions.

Saviez vous que la première voiture électrique a roulé en 1834, soit 52 ans avant la première voiture à essence, que la première marque produisant ce type de véhicules en série a été fondée en 1893, à Paris, qu’en 1900, les voitures électriques battaient des records de vitesse (plus de 100 km/h) ou de distance (près de 300 km sans recharge, aujourd’hui c’est 200km/h), qu’en 1900 toujours, une flotte de taxis électriques circulait à New York et que 38 % du marché américain de l’automobile était représenté par des électriques, contre 40 % pour les voitures à vapeur et 22 % pour l’essence, et enfin que la voiture électrique séduisait plus les femmes ? Ces données sont issues d’un article scientifique du professeur Frédéric Fréry de l’école polytechnique de Paris sur les technologies éternellement émergentes. On peut y lire (je cite) qu’ « une technologie éternellement émergente est une innovation qui se maintient durablement en phase d’émergence. Alors même que son succès commercial reste inexistant, on continue à prédire sa croissance imminente. Le cas le plus emblématique – puisque son émergence se poursuit depuis plus d’un siècle – est incontestablement la voiture électrique » fin de citation. Il me paraissait intéressant de vous apporter ces quelques éléments.

Si nous en revenons au Conseil Régional, nous sommes engagés, et vous avez confirmé cette démarche, Monsieur le Président, mercredi avec Philippe Vasseur et Jeremy Rifkin, dans la troisième révolution industrielle, celle de la transition énergétique, celle des réseaux intelligents.

Dans cette perspective économique et sociale renouvelée, l’innovation de l’électromobile a sa place, mais il nous faut bien nous entendre à la fois sur cette place au sein de la mobilité dans son ensemble et sur la dimension de cette mobilité. Ou en d’autres termes, toujours pour citer Jeremy Rifkin, nous devons considérer à la fois l’empreinte totale du véhicule électrique et l’empreinte totale de la mobilité pour bien cerner tous les enjeux du développement de cette filière régionale.

Pour une empreinte soutenable de  la mobilité, nous sommes engagés sur la voie de la division par quatre ou cinq des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 mais aussi des matières premières utilisées, ce qui nous donne par exemple, à la place d’une mobilité 80 / 20, une éco-mobilité 20 / 80. Je m’explique : à la place comme aujourd’hui, de 80% d’automobiles à moteur thermique utilisées en solo, et de 20% pour les modes alternatifs, c’est-à-dire les transports collectifs, le vélo et la marche, l’éco-mobilité à laquelle nous voulons aboutir sera constituée de 20% d’automobile individuelle, et de 80% de ces mêmes modes alternatifs, auxquels s’ajouteront la voiture partagée ou covoiturée (en clair celle qui transporte plusieurs personnes) et la mobilité évitée, grâce notamment au télétravail. Toute cette organisation sera rendue possible et fluide grâce à la communication numérique.

Pour être tout à fait clair, dans l’enjeu d’une nouvelle approche de la mobilité qui s’impose à notre société (réduction des gaz à effet de serre, réduction de  la congestion routière…), il n’est pas envisageable de remplacer une voiture thermique par une voiture électrique.

Dans ce nouveau paysage, l’automobile peut se diviser en deux parts de motorisation, 10% thermique et 10% électrique. C’est de cette part que nous parlons aujourd’hui. Tout l’enjeu est donc de développer à la fois le bon contexte et la bonne dimension de la filière électromobile, mais aussi une filière à l’empreinte vertueuse, exemplaire de l’excellence régionale.

Citons quelques exemples d’actions régionales pouvant aller dans cette direction.

Tout d’abord, il nous semble que le projet régional véhicule électrique ne doit pas considérer uniquement l’automobile mais aussi les véhicules à deux ou trois roues.

Concernant la stratégie régionale de déploiement des bornes de recharge, il serait opportun d’équiper les parkings relais de nos gares afin de favoriser la multi-modalité privilégiant ainsi les transports en commun.

Concernant les batteries au lithium, n’oublions pas qu’il s’agit d’une ressource rare et à faible durée de vie dont le prix est passé de 350 à 3000 € la tonne entre 2003 et 2008.  Il ne faudrait pas remplacer notre dépendance au pétrole par une dépendance au lithium. D’ailleurs certains constructeurs reconnaissent aujourd’hui que l’accès aux métaux rares est difficile.

Les laboratoires travaillent activement à l’amélioration de l’autonomie des batteries, de leur durée de vie, de leur fiabilité et un certain nombre de pistes paraissent prometteuses à terme. Mais la question de leur recyclage, tout comme le recyclage des véhicules reste entière. Si l’objectif du Conseil Régional est de mettre de l’argent public sur le développement du véhicule électrique, il faut en particulier l’investir dans le développement et l’organisation de la filière du recyclage des véhicules électriques et des batteries afin de la rendre la plus viable possible. Ce qui va également dans le sens de la création d’emplois. Il faut que ça se fasse en parfaite collaboration avec l’Etat et l’ADEME qui vient de publier le scénario 2050.

Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président, quel dispositif public serait le mieux à même de permettre la création de cette filière de recyclage des véhicules électriques et des batteries ?

Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président, nous avons engagé des études sur l’électromobilité, d’autres sont en cours sur l’éco-mobilité, nous veillerons à les faire converger et nous vous donnons rendez-vous pour notre prochaine étape qui sera le colloque régional sur l’éco-mobilité du 19 mars prochain.

 

2 commentaires pour “Intervention de Marielle Cuvelier sur la voiture électrique”

  1. L’électrique demeure une alternative durable pour l’environnement, d’autant que les technologies n’ont de cesse que d’évoluer. Il faut véritablement que les constructeurs se lancent dans la bataille dès maintenant.

  2. Mme CUVELIER,

    La voiture électrique fausse bonne idée ?

    Le lithium n’entre que pour 0,003 à 0,005 % dans la composition de l’écorce terrestre, et les minéraux titrant plus de 2 % en oxyde Li2O sont rares : l’extraction du lithium est une opération longue et coûteuse et écologiquement polluante de part la nature des matériaux employé pour concentrer le lithium.

    Le plus grand gisement au monde est le Salar de Uyuni, au sud-ouest de la Bolivie. Ce gisement représente un tiers des ressources mondiales et intéresse beaucoup le groupe Bolloré.

    Hervé Kempf, journaliste spécialisé des questions d’environnement, en parlait déjà le 8 Octobre 2008 dans le journal Le Monde. Extraits :

    « Des véhicules électriques et hybrides sont équipés de nouvelles batteries. Mais le métal qu’elles utilisent est peu abondant et concentré dans les Andes et au Tibet. La Bolivie sera-t-elle le Dubaï de 2050 ? Si les voitures électriques ont un grand avenir, peut-être. En mars, le président bolivien, Evo Morales, a signé un décret de création d’une usine d’extraction du lithium sur le lac salé fossile d’Uyuni. Et en septembre, le groupe Bolloré faisait savoir qu’il négociait un accord de fourniture à long terme du lithium bolivien, dans la perspective du lancement de son modèle électrique, la Blue Car. »

    J’attire votre attention sur la voiture à air comprimé de MDI Entreprises > http://www.mdi.lu/index.php

    Cette voiture semble intéressante tant du point de vue écologique que d’un point de vue d’aménagement du territoire et de développement local, en effet le concept MDI propose de nombreuses micro-usines de production contrairement aux grosses usines d’assemblage conventionnelles (cf rubrique concept industriel de leur site).

    Son modèle mono-énergie permettent un fonctionnement totalement propre en utilisant de l’air comprimé stocké dans des réserves sous haute pression. MDI a conçu des versions dites bi-énergie qui en reprennent la même base technique. L’utilisation d’un adjuvant énergétique (essence, gazole, huiles, alcools ou gaz) brûlé dans une chambre de combustion continue externe permet une plus grande autonomie de fonctionnement tout en limitant les consommations et les rejets de gaz toxiques :
    – Moins de 2 litres au cent kilomètres (à 90 km/h sur une MiniFlowAIR),
    – Zéro NOx,
    – 3 à 4000 fois moins d’HC imbrûlés qu’un moteur conventionnel,
    – 3 fois moins d’émission de CO2 qu’un moteur conventionnel de même puissance.

    Le groupe TATA indien est devenu le licencié exclusif pour l’Inde de la technologie MDI.

    La ville de Grande-Synthe (59) avait manifesté son intérêt pour cette technologie et envisageait d’installer une micro-usine sur son territoire (je ne sais pas où ça en est).

    Je n’ai aucun intérêt dans cette société (MDI Entreprises), je me pose juste des questions…

    Écologiquement vôtre.

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