« Nos quartiers d’été » Vivre ensemble, créer du lien humain : c’est cela aussi l’écologie

Le dispositif reprend du service le 7 juillet et se poursuit jusqu’au 26 août. C’est la 23ème édition de cette série d’animations dans les territoires.

Depuis 1990, ce programme d’actions, unique en France répond toujours à un besoin : dans notre région environ 400 000 habitants des quartiers populaires ne partent pas en vacances.

C’est l’occasion de faire le point sur cette politique menée par Majdouline Sbaï, Vice-Présidente -délégation : citoyenneté, coopération décentralisée et relations internationales-

 

 

Tout le monde n’a pas la chance de partir en vacances

« C’est pour cette raison qu’il faut continuer. Imaginez les 112 communes de la région. Des communes où parfois le taux de chômage est incroyable, et par conséquent les deux tiers des gens n’ont pas les moyens de partir.

Dans des quartiers d’habitat social, l’environnement, c’est le béton, en milieu rural ce sont les infrastructures de transport qui manquent, en milieu semi rural péri urbain, dans le Bassin Minier, c’est triste en juillet et août, quand au journal de 13 heures, Jean Pierre Pernaut n’arrête pas de vanter les vacances en Vendée ou ailleurs…

Et il faut penser également aux personnes âgées qui se trouvent isolées, penser aux familles et notamment les familles monoparentales paupérisées qui sont nombreuses chez nous.

Bien sûr, il y a les centres de loisirs qui fonctionnent, mais parfois un mois sur deux, et il faut payer, et puis il y a les samedis et les dimanches…

Tout cela fait que la situation est désolante et donc l’action de cohésion sociale que nous menons c’est dire : il faut absolument proposer des activités à tout le monde pendant cette période estivale dans ces territoires. »

Démocratie et participation

« Comme les citoyens et les habitants de ces quartiers ont souhaité eux-mêmes produire et co-construire ces activités, nous continuons à soutenir  les projets qu’ils proposent : culturels, artistiques, sportifs… Des activités  destinées aux enfants souvent, mais aussi aux personnes âgées, avec des temps qui peuvent être très simples : des pique-niques, du cirque, des podiums avec la valorisation de tous les savoirs faire locaux, cela peut aller des majorettes au chanteur de bal musette, mais c’est chouette, c’est sûr ! »

Avec Nos Quartiers d’été, les gens sont acteurs et ils acquièrent  une forme d’engagement citoyen. »

Activités et lien social

« Cela peut parait léger par rapport aux problèmes que les gens rencontrent au quotidien, mais cette légèreté,  c’est une ouverture à d’autres possibles, c’est permettre des rencontres et des échanges, c’est du lien social. Les élus locaux participent et les citoyens peuvent discuter avec eux.

Les habitants découvrent les associations qui oeuvrent sur leur territoire et bien souvent ce qui se passe par exemple, c’est qu’après des animations organisées par un club nautique, l’année suivante le club fait un effort au niveau de la tarification, et du coup les gamins du quartier peuvent aller s’inscrire. De la même manière pour les personnes âgées, c’est l’occasion de rencontres et de possibilités d’activités pour le reste de l’année.

Cette politique s’articule parfaitement  avec l’opération TER mer – vert à 1  €. Ceci fait partie de l’offre régionale de cohésion sociale notamment durant la période estivale.

Puisque le tourisme et les loisirs se sont- soit-disant- démocratisés, mais qu’une partie des citoyens continue à en être exclue, la frustration suscitée est grave, il y a un sentiment d’abandon qui peut être exacerbé pendant l’été. C’est devenu presque une norme de partir en vacances sauf que tous ceux qui sont écarté de cette norme subissent une sorte de violence symbolique du fait de ne pas partir en vacances.  C’est sûr que de pouvoir partir découvrir le monde c’est toujours une chance, mais en tous cas, les gens qui restent font autre chose : ils transforment pour un moment leur quartier et c’est impressionnant de voir ce qui peut être organisé.

 

Une nouvelle politique de cohésion sociale ?

 Cette année l’Etat a totalement supprimé sa participation au dispositif. C’est la Région qui a décidé de le maintenir. Le changement de majorité, on l’espère, changera la donne.

« Obtenir à nouveau une participation de l’Etat, pourquoi pas ? Mais il faut surtout avoir avec l’Etat un dialogue sur une politique nouvelle de cohésion sociale. Le gouvernement Sarkozy n’a pas développé de politique de lutte contre les inégalités. Il n’y avait aucun souffle au niveau de l’Etat, ce qui a entrainé un tarissement des financements publics en matière de cohésion sociale. Les collectivités publiques l’on subi, puisque d’année en année les contrats urbains de cohésion sociale se sont réduits, ce qui a entrainé aussi des difficultés pour les associations.

Ceci était la réalité de l’ère Sarkozy, maintenant nous sommes dans une nouvelle ère et on espère avoir un vrai dialogue politique sur la lutte contre les inégalités sociales et territoriales. Et que l’ensemble de notre politique, c’est-à-dire la politique de la ville ou la politique de développement social durable des territoires, sera appuyée par une politique d’Etat.

Même s’il ne s’agit pas seulement de moyens financiers, il s’agit aussi de pouvoir partager cette responsabilité ou plutôt de rendre à César, ce qui est à César : c’est l ’Etat qui est garant de la cohésion sociale nationale et c’est important qu’il continue à l’être. Et que nous, Région, soyons un acteur à ses côtés, un animateur du territoire, un ensemblier sur ces questions.

Que toute la charge ne nous incombe pas entièrement et que nous ne soyons pas le seul interlocuteur à recevoir les doléances et écouter les difficultés des territoires qui n’arrivent plus à faire face au décrochage qu’ils subissent, la crise ayant aggravé fortement la situation de certains d’entre eux.

Nous avons transformé notre politique de lutte contre les inégalités dans ce sens et on aimerait que l’Etat nous suive. Pas que sur Nos Quartiers d’été. Il y a aussi d’autres outils : les fonds de participation des habitants, la politique de développement social urbain… Donc il faut absolument que l’on puisse avec l’Etat, avoir plus de force pour vraiment faire face, parce qu’aujourd’hui on a l’impression d’accompagner des difficultés, mais demain on espère qu’avec l’Etat, on aura l’ambition de résoudre ces difficultés. Vraiment. »

Nos Quartiers d’Eté sur le site du Conseil régional ici

Informations  TER mer – vert ici

 

 

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