Assises Pour la Recherche et l’Enseignement Supérieur : concertation & coopération

Ouvertes à Lille, le 20 juin 2011, les Assises Pour la Recherche et l’Enseignement Supérieur, initiées par Sandrine Rousseau (Vice-Présidente), se sont poursuivies tout au long de ce premier semestre 2012.

L’enjeu ? Construire de manière partagée les bases du futur Schéma de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche du Nord-Pas de Calais.

Une démarche participative unique en France de par son ouverture et l’espace de débat et de dialogue ainsi mis en place, qui aura rassemblé près de 700 personnes sur 4 territoires, à travers 17 réunions largement ouvertes aux universitaires, aux chercheurs, aux élus locaux, aux acteurs de la société civile, etc.

Fin mai un atelier régional organisé à l’IEP de Lille a rassemblé plus de 150 personnes sur le thème : la structuration territoriale de l’enseignement  supérieur et de la recherche.

L’enjeu y était de discuter du « modèle » d’organisation qui conviendrait le mieux à notre territoire régional et à ses particularités. Comment s’organiser pour travailler ensemble et se donner un cadre stratégique commun ?

Différents types d’organisation possible existant dans d’autres régions ont été passés en revue, puis à travers une table ronde, la discussion s’est engagée sur les visions portées par le PRES, la Direction régionale de la recherche et de la technologie (qui représente l’Etat), une collectivité et la Région.

 

A l’occasion de cette rencontre, Sandrine Rousseau fait un point d’étape sur les Assises :

 

°        La première réunion des assises le 20 juin 2011 a beaucoup rassemblé. Tout le monde s’accordait sur le fait qu’il y avait des choses à faire, en commun. Êtes-vous satisfaite du déroulement des ateliers qui se sont succédé ? Des contributions qui ont été apportées ?

« Les ateliers se sont bien déroulés, ont permis des discussions ouvertes et constructives. Le fait que nous ayons organisé des réunions « décentralisées » dans les 4 principaux territoires universitaires du Nord-Pas de Calais a été apprécié des participants, de même que le caractère très ouverts des ateliers. Pour une fois, enseignants et chercheurs ont été associés aux réflexions (pas seulement les présidents ou les directeurs de labos), et se sont sentis « entendus ». Ce sont eux qui le disent et ces retours sont encourageants. »

°        Quels sont les sujets et les thèmes les plus souvent abordés ? Correspondent-ils à ce que vous envisagiez en lançant cette concertation ?

« Les questions liées à la vie étudiante (le logement bien sûr, mais aussi la précarité, les transports, la santé, la culture à l’université, …) ont pris beaucoup de place dans les débats. Ça n’est pas étonnant, quand on connaît les difficultés quotidiennes rencontrées par bon nombre de jeunes.

Le thème du dialogue entre sciences et société a aussi été particulièrement discuté. On sent clairement que c’est un domaine encore peu structuré, où beaucoup est à faire. Je compte développer cet axe dans la politique régionale, et il est déterminant de voir que l’envie de faire est là, que les acteurs de la recherche sont en demande. »

°        Quelles sont les priorités qui se dégagent ? sur quoi faut-il travailler en priorité pour que l’Enseignement Supérieur fonctionne mieux et soit plus accessible ?

« Le Nord-Pas de Calais, avec plus de 150 000 étudiants, 6 universités publiques, des dizaines d’écoles est la 3ème région universitaire de France. L’enjeu de la démocratisation est absolument énorme, non seulement dans l’accès à l’enseignement supérieur, mais aussi et surtout dans la réussite des étudiants. Cela passe bien sûr par des questions qui relèvent strictement des universités (comme l’offre de formation), mais aussi par les conditions de logement, de transport, d’offre d’emplois sur les campus.

Autre priorité, le développement de la formation tout au long de la vie, y compris en ce qui concerne l’enseignement supérieur. Ce travail doit être mené en lien avec le monde économique et les entreprises, en s’attachant en particulier à anticiper les métiers de demain. »

°        Quelles sont les priorités en matière de recherche ?

« Le développement de la recherche est crucial pour l’avenir du Nord-Pas de Calais et sa transformation écologique et sociale. Sans entrer dans les détails, il est clair, surtout pour des raisons liées à notre histoire, que nous cumulons pas mal de retards en la matière (en terme de nombre de chercheurs, d’insuffisance d’investissements publics et privés, etc.). Ceci dit, nous avons aussi toute une série d’atouts et des équipes très performantes dans plusieurs domaines (sciences humaines et sociales, recherche médicale, transports, environnement etc.).

Aujourd’hui, il faut développer l’attractivité et le rayonnement de notre recherche, ce qui passe à la fois par des dispositifs transversaux, du type allocations de recherche (pour que nous ayons davantage de doctorants), accueil de jeunes chercheurs, encouragement à la mobilité, etc. et un soutien renforcé à certains domaines, identifiés comme prioritaires. Je pense en particulier aux recherches en matière d’environnement et de sciences humaines et sociales.

Il faut aussi encourager le dialogue entre le monde de la recherche et la société. Organisation de débats sur des questions de sciences, consultation de la société sur des priorités de recherche, attractivité des sciences pour les jeunes, etc. Plusieurs pistes ont été esquissées pour progresser là-dessus. »

 

°     Quelles sont les étapes suivantes des Assises ?

« On approche de la fin de la démarche. Nous allons entrer dans la phase de rédaction d’une version « 0 » du futur Schéma, et dans la négociation avec l’ensemble des parties prenantes : les collectivités concernées, le PRES, l’Etat, etc. Notre but est plus que jamais d’arriver à articuler et à coordonner le mieux possible nos interventions. En un mot, de se bâtir un cadre stratégique partagé, à l’échelle de tout le territoire régional.

L’ossature de ce cadre stratégique sera présentée lors de la manifestation de clôture des Assises que nous comptons organiser à l’automne. »

 

Après un débat très riche, deux universitaires ayant suivi le déroulement des Assises témoignent :

 

Yann Secq, enseignant chercheur à Lille 1, est l’un des auteurs d’une contribution intitulée « structuration de l’Enseignement Supérieur et la Recherche en région Nord – Pas de Calais signée par la liste Ouverture & Indépendance (accessible sur le site http://www.apres-npdc.fr/)

 

Vous avez dénoncé l’immobilisme de ces dernières années ?

 

« J’ai signalé une chose : on a fait une contribution comprenant des éléments factuels et précis qui sont repris pour montrer qu’on ne part pas de rien.

Sur la question de la structuration il est dommage qu’il n’y ait pas eu au moins de récapitulatif, disant qu’il y avait le projet d’université de Lille, puis le projet d’Université Régionale sur lequel Sandrine Rousseau s’était fortement impliquée. Il y a eu ensuite le projet d’université de Lille avec les 6 écoles…  Il aurait été intéressant de rappeler ces différentes étapes et expliquer pourquoi on était passé de l’une à l’autre.

Des pistes de réflexion creusées existent. Elles n’ont pas abouti faute de volonté partagée d’avancer ensemble de la part des 6 présidents d’universités… »

 

L’organisation de ces Assises permet-elle de faire avancer les choses ?

 

« Cela fait  avancer les choses parce qu’au moins les personnes se rencontrent. Les grosses critiques aussi, c’est que là, cela n’avance pas parce ce sont des responsables principalement, comme les présidents et vice-présidents qui se rencontrent, cela biaise un peu les échanges.

 

Dans des lieux de concertation beaucoup plus ouverts, comme là, les assises, notamment les réunions de préparation des assisses dans lesquelles il y avait un spectre large et avec des personnes qui ne sont pas issues de l’université, Cela permet d’avoir des discussions qui changent un peu de nature.

Si on ne voit pas encore d’effet direct maintenant, enfin on voit au moins la présence des gens et le fait que les collègues se soient déplacés et qu’il y a eu un certain  nombre de contributions.

C’est quelque chose d’important car il manque un lieu de rencontre.

C’est d’autant plus frustrant : les travaux effectués auparavant dans les groupes de travail permettaient au moins aux personnels de ces universités de se rencontrer et de sortir des postures ou des échanges qui se font dans la presse par des personnes en responsabilité. »

 

Un des avancements, c’est le fait que l’ensemble des collectivités affirment clairement qu’elles souhaitent soutenir l’enseignement supérieur et la recherche,  mais qu’elles ne pourront le faire que quand l’enseignement supérieur et la recherche de la région seront capables de dire vers quoi ils souhaitent aller. Cela est un message extrêmement fort et important, qui je l’espère va nous forcer à mieux travailler ensemble et  pouvoir construire des pistes.

 

Qu’est ce que vous attendez d’un Schéma Régional de l’ESR ?

 

« Une gouvernance ? Je ne sais pas. A moins que le PRES (pôles de recherche et d’enseignement supérieur) disparaisse… c’est normalement déjà un lieu qui regroupe tout l’enseignement supérieur, les collectivités territoriales et les organismes de recherche… Donc ce que j’espère c’est que les débats des assises permettent de peser sur la réforme du PRES. Peut-être que soit le PRES devienne ce lieu de concertation  soit que l’on acte, qu’on arrête le PRES et qu’on ait une autre instance de concertation. Mais il est nécessaire d’avoir cet espace d’échange au niveau de la région.

 

Le PRES a un CA assez large, mais il y a une grosse majorité de membres venant de l’enseignement supérieur et aussi des collectivités présentes, donc il pourrait y  avoir des débats à ce niveau, mais je ne dis pas que c’est une chambre d’enregistrement, mais le fonctionnement fait qu’on présente le budget, on présente quelques projets, mais il n’y a pas de réel débat.

 

J’espère que ce schéma  régional aura une influence vraiment sur les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche, pour avancer  dans une même direction dans un sens  de plus de  coopération, moins de concurrence.

 

Ce que je retiens des assises c’est l’ouverture des ateliers à tous ceux qui souhaitaient y participer et que chacun puisse contribuer

Ensuite dans un deuxième temps, l’importance de la concertation, c’est ce que disait Sandrine Rousseau, avec la présentation de la préfiguration du schéma assez rapidement  pour qu’on puisse faire des retours, des propositions, c’est l’ensemble de ce cycle où on essaie vraiment d’avoir une interaction ; on parlait de top-down et de bottum-up, là il y a une contribution qui sera efficace »

 

 

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– Autre rencontre lors de cette réunion : Anne Parrain, maître de conférences à l’UFR des sciences (Lens) de l’Université d’Artois.

Quel bilan tirez-vous à ce jour des Assises ?

 

« Je pense que c’est un premier travail et qu’il faut le continuer. C’est une dynamique mélangeant les universités et l’ensemble des collectivités territoriales qui est intéressante et qui doit être maintenue pour pouvoir aboutir à des propositions ; c’est un lien qui doit être gardé.

 

Ce travail était nécessaire, ce serait bien de le prolonger et de continuer sur cette dynamique pas forcément  avec un rythme aussi important que les ateliers de ces deux derniers mois.

Cependant, pour nous les petites universités c’était la dernière partie la plus intéressante : les  ateliers thématiques qui ont eu lieu  dans les universités et les appels à contribution. »

 

Qu’attendez-vous plus particulièrement au niveau de l’université d’Artois ?

 

« Je me suis davantage orientée sur la vie étudiante et l’enseignement. Concernant la vie étudiante il y a toute la problématique de transport et de logement ainsi que les repas.

Ils sont gérés par le CROUS, mais sur certaines entités plus petites on pourrait avoir des prises en charge différentes, en partenariat avec des mairies ou des communautés d’agglo.

 

Il y a également les problèmes de logement. Il existe des chambres du CROUS à Arras et à Béthune où les chambres ne sont pas dans un état satisfaisant.  Moi je suis sur le pôle de Lens où il n’y a rien. Pour les étudiants c’est assez compliqué  d’être logés.

 

Rien que sur l’aspect alimentation et les restaurants universitaires. Celui qui est face à la fac de sciences se trouve à un l,5 kilomètres de l’IUT, donc les étudiants y vont peu, et pourtant ils sont un millier. Certains ont le temps d’aller au RU, mais de fait, ils mangent la plupart du temps des sandwiches, ou des frites à la baraque à frites… Sur Liévin il n’y a rien sauf un accord avec la cantine d’un lycée, mais le temps d’attente est trop long. A Liévin il n’y a pas de logement étudiant.

 

La problématique de la vie étudiante est vraiment importante. Nous sommes multipolaires, et nous avons à faire avec de multiples partenaires ; qu’ils se rencontrent et qu’il y ait une vision globale c’est quelque chose  qui est absolument indispensable pour nous. »

 

Qu’est ce que vous attendez d’un schéma régional de l’ESR ?

 

« Hormis l’aspect « vie étudiante », il y a l’aspect formation. C’est important d’arriver à une carte des formations en licence comme en master ; après, quelle que soit finalement la structure administrative qui sera créée, que ce soit une fusion ou une fédération peu importe, ce qui est important c’est d’arriver à une coopération et à une collaboration entre universités pour le bien des étudiants , et l’accès de tous à des études, et reconnaitre que dans certaines parties du territoires il y a des choses qui marchent et qui peuvent être développées ; que les dynamiques mises en route dans des petits pôles puissent être reconnues et encouragées au niveau régional. Et soutenues, car clairement nous avons besoin d’un soutien.

On ne  maintient pas un pôle de 1000 étudiants à Lens avec des masters qui fonctionnent, aussi facilement que qu’au sein d’un groupe de 20 000 étudiants comme sur Lille 1 »

 

Les Assises soulignent-elles le besoin d’une meilleure organisation entre les universités ?

 

« Je le ressens comme cela très clairement.

Cela aurait pu démarrer à l’interne des universités, au niveau du PRES et cela n’a pas été le cas. Cela pallie le travail qui n’avait pas été fait pour de multiples raisons… J’espère qu’avec les changements de présidences d’universités, il y aura davantage de confiance et de coopération  entre les présidents d’universités ; et ensuite sur les dimensions autres que purement universitaires, au sens études et recherches, le fait de pouvoir collaborer avec les multiples partenaires est favorable.

 

Ce que souhaiterai c’est que cette dynamique continue je pense que cela peut permettre vraiment d’amorcer un renouveau du dialogue déjà, au sein des universités, dans la coopération régionale de l’université et qu’on arrive derrière à un appui pour un nouvel élan du PRES qui fonctionnait mal.

 

Le dialogue doit continuer.  Au sein du PRES ? Sous la houlette de la Région ? Cela je n’en sais rien. Le problème ce n’est pas qui le porte ; mais que ce soit porté en coopération avec les autres partenaires. »

 

Va-t-on aboutir à un développement des universités et une reconnaissance des universités régionales ?

 

« Cela ne peut être que favorable, je pense que c’est la seule issue ; on n’avance pas seul chacun  dans son coin. C’est  la meilleure connaissance de chacun et de ce qui se passe dans chacun des pôles qui fera avancer les choses.

Si déjà à l’interne on maintient et on soutient ces dynamiques forcément cela ne peut aboutir qu’à une reconnaissance future de l’ensemble de ce qui est mené sur la région Nord – Pas de Calais.

Pas d’issue sans cela. »

 

 

 

Retrouvez l’ensemble des travaux sur le site des assises : http://www.apres-npdc.fr/

 

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