Pourquoi nous avons voté le budget 2012 de la Région

SEANCE PLENIERE DU 16 DECEMBRE 2011

BUDGET 2012

INTERVENTION

D’EUROPE ECOLOGIE LES VERTS

Jean-François CARON

 

Comme l’an dernier, construire un budget pour la Région s’avère être un exercice difficile.

Je vais redire comme tout le monde :

– Oui nous sommes confrontés à une crise écologique, financière, économique et sociale grave.

– Oui, nous sommes confrontés à un manque de lisibilité institutionnelle dans le temps, et du fait d’une rigueur budgétaire imposée par l’Etat.

-Oui, la diminution massive des dotations de l’Etat aux collectivités ampute d’autant nos marges de manœuvre, et nous ne maîtrisons plus nos recettes.

L’impact pour la Région est très lourd.

 

Mais, quelles que soient les difficultés, un budget est le fruit d’une vision et d’une volonté.

Notre région vit une douloureuse reconversion depuis plus de 30 ans. Et, circonstance aggravante, Le monde vit de manière de plus en plus criante une période de mutation très difficile. Les bouleversements économiques liés à l’augmentation du prix de l’énergie, les effets du changement climatique, l’explosion des inégalités chez nous comme au niveau planétaire en sont autant de témoignages.

Cela crève l’écran, année après année. La crise n’est plus simplement environnementale, simplement sociale, ou simplement économique. Elle est globale, systémique, elle touche tout le monde hormis les plus riches et les plus puissants, qui ont les moyens de protéger leurs intérêts.

Face aux défis qui s’accumulent, nous ne pouvons plus nous dérober.

Oui, la mutation, c’est difficile. Il est tellement sécurisant de s’accrocher au passé. Regarder dans le rétroviseur, c’est tentant. Idéaliser le passé, c’est céder à la tentation réactionnaire  [1], confondre tradition et traditionalisme : c’est se refermer sur soi, c’est le repli. Et quand on est acculé par manque d’anticipation, il ne reste plus qu’à désigner des boucs émissaires ou faire l’autruche.

Mais ce n’est pas comme ça qu’on construit l’avenir.

J’aime cette formule de Pierre Radanne : »pour maîtriser notre destin et choisir notre avenir, il va d’abord falloir apprendre à aimer le siècle qui arrive.

C’est dans cet esprit que nous nous positionnons sur ce budget, autour de la transformation écologique et sociale, conduite de manière démocratique. J’insiste sur ce mot. Dans ces périodes difficiles et troublées, le risque totalitaire est grand. L’histoire l’a démontré à plusieurs reprises, et nous ne pouvons ignorer que la dynamique est en cours.

3 axes donc à cette vision de la transformation :

– 1er axe : Participer au renforcement et au renouvellement de la démocratie et de la citoyenneté. L’objectif est d’amener les habitants à être acteur du changement, à se mettre en responsabilité avec nous dans la conduite de ces changements. C’est le sens de la politique développée en matière de démocratie participative : appuyer les acteurs, accompagner les initiatives citoyennes, et le développement de la démocratie participative aux échelles locales. C’est aussi l’esprit du lancement des assises de l’éducation populaire, qui nous manque tant, ou encore du lancement des premières conventions du développement social urbain durable pour favoriser l’implication des habitants dans la transformation de leur ville ;

 

 

-2ème axe, faire évoluer le modèle de développement et favoriser la création de nouveaux emplois liés à la transition : en remettant l’économie au service de la société, et donc au service des vrais enjeux de la société sur des bases écologiques soutenables. C’est le sens des grands chantiers et du cadre d’action de l’actualisation du Schéma Régional d’Aménagement et de Développement du territoire, et de ses volets Schémas Transport et logistique, Biodiversité et Trame Verte et Bleue, Climat et Économie-Emploi-Formation.

Au cœur du SRADT de nouvelles notions pour bâtir un avenir durable du Nord-Pas de Calais : la résilience (la capacité à rebondir), la robustesse des territoires (leur capacité à encaisser les chocs) pour une région en transition. C’est aussi le sens de la dynamique « deuxième étape » du développement durable. Ou encore l’ardente nécessité de l’ESS.

– Ce nouveau modèle, c’est aussi de nouvelles manières de concevoir le sens de la recherche, et de manière plus ouverte et démocratique, avec les appels à projets chercheurs-citoyens et les assises régionales de la recherche

– C’est le soutien sans faille à un ré équilibrage des rapports nord/sud, avec cette année, le lancement de la plateforme régionale de la coopération internationale et le renforcement de l’accès des jeunes aux aides régionales à la mobilité internationale vers un « guichet unique ».

– C’est la continuité de l’effort pour faire évoluer notre rapport à la mobilité et aux transports avec une manière construite et concrète de penser l’éco mobilité, en alternative soutenable et pratique au tout voiture et au tout camion, et l’accès aux différents transports en communs.

– Ce sont enfin de nouveaux modes de production et de consommation agricoles, avec le développement de circuits courts et une véritable mutation vers le bio. Ce qui passe par une réorientation des aides vers des systèmes d’exploitation plus durables et prioritairement sur les petites et moyennes exploitations, le grand chantier de l’alimentation, et celui de l’installation agricole.

Tout cela est indispensable pour garantir un avenir à l’agriculture, réconcilier agriculteurs et consommateurs et préserver notre capital nature.

 

-3ème axe : offrir un milieu de vie de qualité, au sens large : environnement, santé, logement…

– Ce sont par exemple les engagements du plan forêt, de la trame verte, les plans climat locaux, la priorité accordée à la santé, aux soins, au dépistage, à la prévention comme on a pu en débattre sur l’amiante.

 

 

L’ensemble de ces actions concourent à la réussite de ce que nos deux groupes de l’Exécutif ont voulu, c’est-à-dire un effort sans précédent  pour porter cette démarche expérimentale de transformation écologique et sociale que porte la Commission 15 (transformation écologique et sociale), intitulée Assises de la transformation écologique et sociale. J’en rappelle les principaux ingrédients : une démarche totalement nouvelle, dérogatoire des modalités habituelles d’intervention de l’Institution, sur un socle participatif, 9 opérations de développement (Euralens et les cités du Louvre, Filière de démantèlement du nucléaire, rénovation thermique et environnementale de 100 000 logements, filière bois et valorisation de la forêt, gouvernance alimentaire, stratégie énergétique du territoire, diabète, lycée du 3ème millénaire, eau dans l’audomarois) pour faire émerger le nouveau référentiel sur le développement et sur la façon de l’atteindre.

 

 

Et comme l’an dernier, je voudrais illustrer le propos par  une opération qui à elle seule résume l’enjeu du nouveau modèle de développement que nous appelons de nos vœux : la réhabilitation thermique et environnementale de 100 000 logements, qui répond à la fois à des enjeux sociaux immédiats (lutte contre la précarité énergétique, gain de pouvoir d’achat), économiques (création d’emplois non délocalisables, sur des activités nouvelles et pérennes), et environnementales (économes en énergie, réduction des émissions de gaz à effets de serre, émergence des éco matériaux).

J’ai cherché à synthétiser le sens de l’action de nos vice présidents, et de notre groupe.

C’est le sens de notre accord de majorité avec le PS. Même si ce n’est pas toujours simple au quotidien (par exemple, le groupe EELV n’utilisera pas les cartes de vœux de l’Institution qui mettent en scène le grand stade), c’est unis dans nos efforts, dans le respect de nos diversités, que nous sommes à même d’entreprendre. J’insiste là aussi sur ce mot. Car il s’agit bien d’agir, de construire, et non de simplement de critiquer ou de commenter.

 

En conclusion, c’est précisément parce que les bouleversements qui s’imposent à nous sont lourds et incontournables qu’il nous faut un vrai développement durable. Enfin.

 

Passer des mots aux actes, c’est pour cette raison que nous avons été élus. Et pour infléchir la longue marche de notre Région vers la durabilité.


[1]Etymologie : mot composé du préfixe re, retour en arrière, et du mot action du latin action, façon d’agir.

Un réactionnaire est un partisan de la réaction politique, mouvement antimoderniste s’opposant aux évolutions, aux innovations ou aux changements sociaux qui ne découlent pas des principes traditionnels auxquels ils sont attachés.

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