Coopération : l’ Etat du Minas Gerais au Brésil et le Nord – Pas de Calais

Le deuxième forum des Acteurs Nord – Pas de Calais / Minas Gerais s’est déroulé pendant 4 jours à Lille,  Lens et sur tout le territoire régional (du 6 au 9 décembre 2011)

Huit mille kilomètres séparent l’état du Minas Gerais au Brésil et la Région Nord – Pas de Calais. Ceux régions sont liées par un accord de coopération signé en 2009. Objectifs : coopérer pour faire en sorte que dans 20 ou 30 ans les deux territoires soient plus « intelligents », attractifs, résilients. Pour cela, brésiliens et nordistes souhaitent apprendre les uns des autres, échanger et partager autour notamment de la reconversion de territoires et du secteur minier, cela même si les situations des deux régions sont différentes : nos mines ont fermé il y a 20 ans, alors que le Brésil, lui prépare son « après-mine ».

Ce partenariat a généré de multiples dynamiques dans les domaines de la recherche, de la mobilité des étudiants, des accords économiques, des échanges d’expertise en matière d’aménagement et de reconversion des territoires, de l’environnement, des croisements méthodologiques autour de candidatures au patrimoine mondial de l’humanité… Des dynamiques qui impliquent les élus du groupe EELV. En effet, plusieurs Vice-Présidents sont  impliqués : Majdouline Sbaï au niveau des Relations Internationales, Sandrine Rousseau côté Recherche et Enseignement Supérieur, Emmanuel Cau en matière d’Environnement et Biodiversité. Le Président du groupe EELV, Jean-François Caron au titre de la Transformation Economique et Sociale ainsi qu’au titre de la Mission Bassin Minier UNESCO.

Début décembre, au siège de la Région, une délégation de plus de 40 brésiliens, menée par le vice-gouverneur du Minas Gerais et plusieurs secrétaires d’Etat a été accueillie par Majdouline Sbai, Vice Présidente en charge de la Citoyenneté, des Relations Internationales, et de la Coopération Décentralisée. Pendant 4 journées de travail brésiliens et nordistes ont capitalisé ce qui a été fait depuis deux ans, et pris des engagements pour les deux années à venir. Le travail est divisé en quatre 4 axes :

  • La reconquête et la reconversion des territoires : mines et après-mine,

Au niveau des tailles et de la chronologie les deux territoires sont très différents, et cependant ils présentent des enjeux communs de diversification d’activité, développement social, capacitation citoyenne …  Comme nous les brésiliens sont confrontés à une urbanisation croissante et plus désordonnée encore qu’en Europe. Elle implique en particulier des problèmes de transport liés au manque de transports publics.

  • La culture : de Mineurs du monde au Louvre-Lens, en passant par la promotion artistique et patrimoniale,

Les deux régions ont des défis culturels communs à relever. Un plan de travail a été décidé sur plusieurs axes : patrimoine, numérique et économie créative.

A titre d’exemple la Nuit Blanche et la Nuit des Arts, deux concepts que nous connaissons ici, seront repris au Brésil en juillet prochain.

  • La formation, la recherche et l’innovation, pour un autre développement économique,

Dans le cadre du projet ARCUS du Ministère des Affaires Etrangères et soutenu par la Région (Action en Région de Coopération Universitaire et Scientifique) des programmes de recherches communs ont été montés dans le domaine de la santé et des territoires.

Sandrine Rousseau, Vice Présidente en charge de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche se félicite de l’animation de ces programmes par le PRES Lille Nord de France.  La mobilité de 300 enseignants, chercheurs et étudiants a minima sur 3 ans sera pour elle gage non seulement de production de savoir et d’innovation, mais aussi d’échanges culturels et d’ouverture sur le monde.

A terme une co-diplomation pourrait exister dans les deux régions. Seront entreprises également des actions au niveau des formations (aux métiers de demain) et de l’insertion des jeunes.

Dans le domaine de la santé, les spécialistes des deux pays ont avancé leur réflexion sur quatre thématiques : télémédecine, hématologie, vieillissement, médecine du travail.

Le volet territorial du programme sera traité sous l’angle des inégalités sociales et environnementales qui intéressent notamment le « quadrilatère ferreux » brésilien l’équivalent de notre Bassin Minier et les questions urbaines.

  • L’environnement dans toutes ses dimensions : biodiversité, eau, énergie, déchets,

La délégation brésilienne a apprécié le concept d’éco quartier, exemple qui peut être exporté. D’autres sujets ont été abordés comme la biodiversité, les changements climatiques, et l’eau. La délégation brésilienne a apprécié le partage par la Région de son schéma éolien avec ses territoires. Principe d’intervention partagée d’une politique publique dont ils souhaitent s’inspirer.

Autre préoccupation commune des deux régions : la diminution du foncier et des terres agricoles qui s’opposent à la nécessité d’un reboisement.

Dans le cadre des partenariats institutionnels signés, soulignons celui du PNR Scarpe Escaut avec son équivalent : la Mosaïque Sertao Vereda Peruaçu. Il y aura dans ce domaine un partage d’expériences franco-brésilien dans le cadre d’un dispositif « programme Mosaïque des aires Protégées » animé en France par le Conseil régional Nord – Pas de Calais.

Au terme de ces journées d’échanges, le vice gouverneur Alberto PINTO COELHO de l’Etat du Minas Gerais  et Majdouline Sbaï  ont signé un agenda de travail (photo) et tiré quelques conclusions.

Le gouverneur : « il faut prendre le temps pour la recherche de nouveaux défis à relever, dépasser les frontières de nos limites territoriales. Nous rentrons avec de nouvelles idées et de nouvelles connaissances … Nous repartons avec un agenda de travail chargé, rendez vous dans deux ans à Belo Horizonte ».

Majdouline Sbaï : « Le Minas Gerais est un territoire en plein développement économique, nous aussi avons besoin d’une économie du XXIème siècle, une économie de la connaissance : solidaire et axée sur la recherche et l’innovation, qui valorise les ressources humaines, les ressources naturelles, bref, une économie durable. »

 

L’avis de Jean-François Caron
«  Les accords de coopération internationale, comme celui entre le Minas Gerais et la Région Nord – Pas de Calais nous ouvrent sur les autres, ils sont synonymes d’enrichissement, de partages d’expériences, de transmission des savoirs.

Nos deux territoires sont tous les deux marqués par l’exploitation de la mine. Et ses conséquences : pollution, afflux massif de main d’œuvre délocalisée.

La reconversion entamée dans le Bassin Minier se base sur la sauvegarde de l’héritage d’une activité autrefois prospère à destination des générations présentes et futures. Il faut y puiser de nouveaux signes de vitalité humaine, culturelle et économique qui contribueront à de nouvelles formes de développement pour la population et le territoire.

Notre exemple sera utile aux brésiliens dont les mines fonctionnent encore aujourd’hui. Déjà le Minas Gerais s’est doté d’un Plan de développement durable du territoire comme outil de planification et de développement.

Lors de la fermeture des mines, nous observons que les populations ont des difficultés à se projeter dans l’avenir. Ils vivent une rupture accompagnée d’une perte de confiance et nous savons que cette attitude ouvre la brèche aux idées extrémistes. Face au repli sur soi il faut dessiner l’avenir. Des projets comme l’installation du Louvre Lens et la candidature du Bassin Minier à une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO sont synonymes de futur et de dynamisme. Ils entraîneront avec eux d’autres projets de développement. »

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