PAULO SERGE LOPES – Intervention concernant les langues régionales
Séance Plénière des 20 & 21 octobre 2011
Monsieur le Président, mes chers collègues, effectivement, au nom du groupe Europe Écologie Les Verts, je vous fais part de la motion intitulée « Agir en faveur des langues régionales », sur laquelle vous êtes, en cette Séance plénière, appelés à vous prononcer.
Je ne vais pas revenir ici de manière exhaustive sur l’ensemble des raisons qui motivent notre demande de prise de position de l’institution sur cette question importante qui est celle de la valorisation des langues régionales.
En fait, cette motion prend pleinement son sens au regard du décalage existant entre leur inscription dans la constitution, stipulant qu’elles appartiennent au patrimoine de la France, et la place congrue qu’elles occupent concrètement pour l’heure, constat que nous pouvons retrouver dans l’absence d’extension de l’enseignement de la langue régionale flamande, et ce, en dépit du succès de l’expérimentation dans plusieurs écoles publiques de l’arrondissement de Dunkerque.
Afin que la référence dans la Constitution soit suivie d’effets législatifs, plusieurs initiatives sont apparues ces derniers mois, à l’instar d’une proposition de loi qui fut débattue au Sénat le 30 juin dernier, intitulée à dessein : « sur le développement des langues et cultures régionales ».
Portée par le groupe socialiste, il y est mis pareillement en exergue la responsabilité des régions en matière de langues régionales et il n’est sans doute pas étonnant, Monsieur le Président, que parmi ses signataires, se trouve l’un de vos illustres prédécesseurs en la personne Pierre MAUROY.
Ce combat va au-delà des clivages partisans, car lors de ce débat parlementaire, Monsieur Jacques LEGENDRE, alors président de la commission culture, grand défenseur de la francophonie, a rappelé son attachement aux langues régionales, citant nommément le picard et le flamand.
À l’époque, du fait du peu de temps imparti à l’analyse du texte, la proposition de loi n’a pu être réellement débattue, mais le sujet ne manquera pas d’être abordé de nouveau, nous l’espérons, par la nouvelle majorité sénatoriale issue des élections du 25 septembre dernier.
De même, nombre de dispositions que nous trouvons dans cette proposition de loi socialiste se recoupent avec les axes développés dans la plate-forme des langues régionales portée par l’Association des régions de France lors de son congrès en décembre 2008.
En votant la présente motion, notre institution concourrait concrètement, en l’absence, pour l’heure, d’une nouvelle législation, à la préservation et, plus encore, à la valorisation de pans importants de son patrimoine immatériel que sont le picard et le flamand. Le Conseil régional participerait ainsi à ce que ce sujet soit pleinement dans l’espace public et ne serait donc pas accaparé par le front de la haine et assujetti au repli identitaire qui met à mal le vivre ensemble.
Ce soutien au métissage des cultures prendrait alors encore plus son sens, avec le soutien à compter de ce samedi dans le Nord Pas de Calais, et ce, pour la première fois, au colloque annuel de la FLAREP (Fédération pour les langues régionales dans l’enseignement public), dont, justement, une des sessions se tiendra ce lundi matin au siège de région.
Je terminerai mon intervention en me référant aux propos de Jean JAURES, le géant de Carmaux, que les sénateurs socialistes ont eux-mêmes, à dessein, mis en exergue dans leur proposition de loi ; ainsi, ce dernier, parlant des langues occitanes, mais cette position s’applique aux autres langues régionales, disait : « Il n’y a pas de meilleur exercice pour l’esprit que les comparaisons entre la langue occitane et la langue française. Par exemple, cette recherche des analogies et des différences en une matière que l’on connaît bien et une des meilleures préparations à l’intelligence ».
Monsieur le Président, mes chers collègues, je vous remercie de l’attention portée à cette motion.
Suite du débat :
M. LOPES
Je vais repréciser
Autant être précis par rapport aux différentes interventions qui sont arrivées après ma présentation et il y aura la réponse à l’amendement proposé par Monsieur BATAILLE pour le Groupe Majorité Présidentielle.
Je partage totalement ce qu’a dit, pour le groupe Communiste, Parti de Gauche et Unitaires, Delphine CASTELLI, pour faire le lien entre la défense de la question des langues régionales et la situation de l’Éducation nationale ; je partage totalement les propos qu’elle a tenus, donc il n’y a pas vraiment une feuille de papier entre nos positions à ce propos.
Là, il ne s’agit pas du tout de la même chose avec ce que j’ai entendu peut-être un peu de la part de Monsieur MAGNIER et de Monsieur NICOLET, puisque les griefs qu’ils émettent par rapport à la motion, ils peuvent également les émettre totalement par rapport à la proposition de loi présentée par le Parti Socialiste au mois de juin au Sénat ou par rapport aux prises de position des régions de France depuis des années, notamment en 2008, dont la plupart sont conduites par des exécutifs socialistes. Je pense que ces derniers n’ont pas eu peur d’aborder cette question et ont eu le courage de présenter une politique dans leurs différentes régions, notamment Midi-Pyrénées et Bretagne.
On avait toujours dans l’esprit, en présentant cette motion, que la démarche est plutôt pour créer des passerelles entre cultures et non pas ériger des murs, loin s’en faut, et qu’il n’y a pas d’incompatibilité entre défendre la langue française et promouvoir les langues régionales.
Par rapport à la position du Front National Rassemblement pour le Nord – Pas de Calais et de Madame COOLZAET, on ne partage pas du tout la même vision du monde, loin s’en faut, et nous n’avons pas attendu ses propos en Commission permanente pour nous exprimer, puisque, comme l’a rappelé Monsieur BATAILLE dans son intervention, plusieurs membres de cette institution se sont battus sur ces langues régionales bien avant qu’elle ne s’exprime.
Par rapport à ce que dit Monsieur BATAILLE sur la référence à Madame la Rectrice, quand je faisais référence à l’hostilité des autorités publiques, c’était par rapport au cas du flamand, puisqu’il y a, certes, une démarche d’expérimentation qui avait été effectuée, mais depuis déjà un an, cela a bloqué. Certes, ce n’est pas la même chose dans d’autres régions, ce qui pose des questions sur l’attitude de Madame la Rectrice, mais, effectivement, il y a un problème dans la région Nord – Pas de Calais qu’il faut avouer, nonobstant nos étiquettes politiques.
Néanmoins, dans ma déclaration de présentation de la motion, nous sommes dans un esprit constructif et non partisan, donc au nom du groupe Europe Écologie Les Verts, j’accepte vos amendements.